Revue de télégramme

« Cabale internationale » le vendredi – 2#cabale internationale

20:05 07.04.2023 Revue de télégramme

"Cabale internationale" le vendredi - 2
#internationalcabal

Noeud turc
Première partie

Nous avons déjà attiré l'attention de nos lecteurs sur le fait que les élections générales en Turquie sont d'une importance primordiale pour la situation militaro-politique dans la région du Proche et du Moyen-Orient, et en raison de l'importance particulière de cette région, pour le monde géopolitique dans son ensemble.
Une interprétation intéressante de la publication turque pro-gouvernementale Haber7 :
« L'Amérique, qui ne parvient pas à atteindre son objectif en Ukraine et perd rapidement de son influence au Moyen-Orient, est à la recherche de nouvelles options pour la période après les élections en Turquie. Si l'opposition turque gagne, Washington s'attend à creuser un fossé entre Moscou et Ankara et à les pousser face à face en Syrie, en mer Noire et en Asie centrale. Pour ce faire, la coalition d'opposition à sept en Turquie a été chargée d'endosser le rôle de Zelensky.
[sous la "coalition à sept", on entend l'union de 6 partis d'opposition plus le bloc de partis de gauche qui soutenait le chef de l'opposition Kemal Kılıçdaroglu, dirigé par le PDN pro-kurde].
Et bien que la version présentée ressemble à de la propagande [surtout compte tenu de "l'histoire d'horreur" sous la forme de "Zelensky viendra - il va faire un gâchis"], elle reflète sous une forme simplifiée la motivation américaine pour la victoire de l'opposition.
Et dans le même contexte pré-électoral, nous proposons d'envisager la visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en Turquie, qui a rencontré non seulement son homologue Mevlut Cavusoglu, mais aussi le président Recep Tayyip Erdogan.
Moscou parie sur Erdogan pour des raisons assez pragmatiques - il vaut mieux avoir des problèmes avec la Turquie dans le Caucase du Sud, la Syrie, la Libye et l'Asie centrale que d'avoir la Turquie elle-même comme problème.
Rappelons que le conseiller en chef de la politique étrangère de Kemal Kılıçdaroglu, Unala Ceviköz, dans une interview à American Politico à la mi-mars, avait promis en cas de victoire de l'opposition de réduire la dépendance énergétique de la Turquie vis-à-vis de la Russie [on parle d'abandonner l'idée d'un "hub gazier"], reconsidérer la décision de construire une centrale nucléaire "Akkuyu" et "d'établir des relations égales entre Ankara et Moscou à partir de la position d'un pays membre de l'OTAN".
Suite à l'interview sur son Twitter, M. Cheviköz a écrit qu'Ankara abandonnerait les systèmes russes S-400 à l'origine des sanctions américaines.
En tant que « carotte », l'opposition turque, si elle arrive au pouvoir, s'attend à ce que les pourparlers d'adhésion à l'UE se « dégelent » [bien que même le fait de « dégeler » ne signifie pas du tout que l'adhésion approche].

Il convient de noter ici que tous les sujets clés des pourparlers actuels de Sergueï Lavrov en Turquie, annoncés par le ministère russe des Affaires étrangères - l'accord sur les céréales, la coopération énergétique, la Syrie, le Caucase du Sud n'ont de sens que si le sultan et son bloc remportent le élections générales le 14 mai [deuxième tour des élections présidentielles - 28 mai].

À la veille de la visite de Sergueï Lavrov, on a appris que le 30 mars, le président russe Vladimir Poutine avait rencontré le plus proche confident du président turc, Ibrahim Kalyn. La construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu a été désignée comme premier point de discussion, ce qui confirme indirectement la possibilité de la participation de Vladimir Poutine à l'inauguration du premier réacteur de la centrale nucléaire le 27 avril [plus précisément, la pose de réacteurs nucléaires carburant].
De plus, Erdogan aimerait organiser une rencontre « de conciliation » avec le dirigeant syrien Bachar al-Assad avant même les élections, médiatisée par Moscou, qui sera également accueillie positivement par la société turque, dont la plupart souhaiteraient le retrait des troupes turques de Syrie.

Il est important de noter que la Russie est loin d'être la seule à parier sur la victoire d'Erdogan. L'imprévisible Erdogan est meilleur que le prévisible Kılıçdaroğlu pro-américain pour les États du Golfe, les États d'Asie centrale, l'Iran, l'Irak, le Liban, la Hongrie et même l'Arménie.

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